De Kasavubu à Mobutu

La première république


Mutineries

Malgré la proclamation de l'indépendance politique, le nouvel État ne disposait que de peu d'officiers nationaux, et des officiers étrangers restèrent en place en l'attente de la formation des élites nationales. Le 5 juillet 1960, l'armée (la Force Publique) basée à proximité de Léopoldville se mutina contre les officiers blancs et attaqua différentes cibles européennes. Il y eut de nombreuses exactions, dont des meurtres et des viols. Ceci causa une grande inquiétude, car 100 000 Européens vivaient au Congo, la plupart dans la capitale, et cet événement brisa la crédibilité du nouveau gouvernement qui se montrait incapable de contrôler sa propre armée.

Ceci conduisit immédiatement à une intervention militaire au Congo par la Belgique pour assurer la sécurité de ses citoyens. Le retour des forces militaires belges était une violation claire de la souveraineté nationale du nouvel État, l'aide de la Belgique n'ayant pas été demandée.


La sécession du Katanga

La province méridionale du Katanga, riche en minerais de toute nature, déclara son indépendance. Son dirigeant, Moïse Tshombe, était un ennemi de longue date de Patrice Lumumba. Tshombe était un proche des compagnies industrielles et minières qui exploitaient notamment dans la province le cuivre, l'or et l'uranium, et qui craignaient de voir disparaître la source même de leur existence, car il croyaient que Lumumba allait nationaliser les mines du pays. Sans le Katanga, le Congo voyait son économie amputée.

Tshombe proclama, le 11 juillet, l’indépendance du Katanga et se proclama, lui-même, par la même occasion, président du nouvel État. Les Katangais d’origine (Lunda, Minungu, Basonge ...) commencèrent immédiatement, sous l’égide de Tshombe et Godefroid Munongo, à persécuter les Katangais d’origine kasaïenne, ceux-ci furent tués ou expulsés au Kasaï notamment dans la ville de Bakwanga (aujourd’hui Mbuji-Mayi).


L'assassinat de Lumumba

Soixante-sept jours après sa prise de pouvoir, Patrice Lumumba fut démis par le Président Joseph Kasa-Vubu. Lumumba, à son tour, essaya vainement de destituer Kasa-Vubu. Lumumba fut dès lors placé en résidence surveillée à la résidence du Premier ministre.

Lumumba décida alors de s'échapper. Il quitta sa résidence caché dans la voiture diplomatique d'un visiteur, il prit la route en direction de Stanleyville. Joseph Mobutu, à la tête de l'armée, lança ses troupes à sa poursuite. Lumumba fut finalement rattrapé alors qu'il traversait la rivière Sankuru, et capturé par des soldats fidèles à Mobutu.

Lumumba appela les troupes locales des Nations unies à son secours. Celle-ci refusèrent de lui venir en aide sur ordre du commandement de New York. Il fut d'abord amené à Léopoldville, où il fut battu et humilié devant journalistes et diplomates.

D'autres mauvais traitements suivirent à la villa de Mobutu. Le Premier ministre élu fut battu devant les caméras de télévision. Lumumba fut ensuite transféré à Thysville, à 150 kilomètres de Léopoldville avec deux de ses ministres Okito et Mpolo

Les Belges décidèrent d'une issue plus brutale par télégraphe, en livrant Lumumba à son pire ennemi, le Président du Katanga Moïse Tshombe. Le télégramme disait : « Il faut livrer Satan au juif ».

Lumumba et ses ministres furent battus également au cours du vol qui les emmenaient à Élisabethville le 17 janvier 1961. Ils furent livrés aux soldats Katangais , et conduit à la Villa Brouwe où l’attendaient Tschombe et ses ministres, ceux-ci les giflèrent et leur crachèrent au visage. Ils furent gardés et brutalisés à plusieurs reprises. Après cela le Président Tshombe et son cabinet statuèrent sur leur sort.

La même nuit, Lumumba fut emmené dans la savane hors de la ville. Le convoi s'arrêta à côté d'un grand arbre. Trois pelotons d'exécution avaient été également amenés, commandés par un officier belge. Un autre officier belge commanda le peloton d'exécution. Lumumba et deux de ses compagnons issus du gouvernement furent alignés contre l'arbre et exécutés. Le Président Tschombe et deux de ses ministres assistèrent aux exécutions successives. Le corps des trois individus furent ensuite coupés en morceaux, trempés dans de l’acide et brûlés.

Rien ne fut dit pendant trois semaines, même si la rumeur de leur mort se propagea rapidement. La mort de Lumumba fut annoncée sur une radio katangaise, et travestie sous une histoire peu plausible incluant une évasion et un assassinat par des villageois hors contrôle.


Mobutu et la Deuxième république

En 1965, Joseph Mobutu prit le pouvoir avec l'accord des pays occidentaux, qui le voyaient comme un rempart contre le communisme en Afrique. Il instaura un parti unique, à l'exclusion de toutes les autres formations politiques.

À cette époque, Che Guevara arriva au Congo. Che se plaça sous le commandement du jeune Laurent-Désiré Kabila qui opérait dans la région de Fizi, qui prit le pouvoir quelque 30 années plus tard. Selon Che Guevara, son aventure congolaise fut un fiasco, et il retourna rapidement à Cuba.

Au cours des trois décennies suivantes, Mobutu fut à la tête de l'un des régimes africains les plus durs, corrompus et dictatoriaux.

Bien que le pays soit riche en ressources naturelles comme le cuivre l'or et les diamants, une grande partie de la population continuait à vivre dans la pauvreté. Mais Mobutu amassait une fortune personnelle estimée à 5 milliards de dollars.

Après avoir changé le nom de la région en Zaïre en 1971, Mobutu poursuivit les purges des restes du colonialisme. En plus de changer le nom de la région et de beaucoup de villes, les plus grandes industries furent nationalisées. Beaucoup de personnes éliminèrent leur nom occidental.

Comme la situation économique et politique empirait, Kabila, une nouvelle fois, commença un mouvement militaire à partir de l’est du Zaïre en octobre 1996 pour le déposer. Comme la rébellion avançait, pour la vaincre, Mobutu revint d'Europe où il suivait un traitement médical.

Mais en mai, avec son régime à la traîne, Mobutu s'enfuit au Togo et ensuite au Maroc. La France refusa son séjour pour traitement médical. Moins de quatre mois après le début de son exil, Mobutu mourut en septembre 1997 au Maroc.

 

 

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